Musidora

Chaque année le Festival International de Films de Femmes met en lumière une figure marquante et (parfois) oubliée de l’histoire du cinéma de matrimoine. Vedette du cinéma français des années 1910, considérée comme la première « vamp » du 7ème art, Musidora fut de son vivant un mythe dont on oublie souvent le passionnant parcours de cinéaste. Déjà mise à l’honneur par le festival en 1987, lors d’un Hommage à Colette, puis en 1995, avec les Pionnières d’hier, le festival se penche à nouveau sur cette artiste totale, pionnière et grande figure féminine de l’histoire du cinéma.

MERCREDI 29 MARS
Rendez-vous autour d’une table ronde suivie de signatures de parutions récentes autour de Musidora et de deux projections, dont l’une « augmentée » d’une performance en live. En partenariat avec la Cinémathèque de Toulouse.

17h00 | Table ronde Musidora qui êtes-vous ? [Entrée libre]
La modernité et l’engagement de Musidora dans sa vie et dans son œuvre, que ce soit devant ou derrière la caméra, sa représentation de la femme et son travail à la cinémathèque.
Intervenants :
– Francesca Bozzano | directrice des collections de la Cinémathèque de Toulouse.
– Emilie Cauquy | Responsable diffusion et valorisation des collections films de la Cinémathèque française. Patrick Cazals | Cinéaste, producteur, journaliste. Réalisateur du documentaire Musidora la dixième muse. Yvon Dupart | Ayant droit de Musidora Président des « Amis de Musidora »
– Hélène Fleckinger | Maîtresse de conférences à l’Université Paris 8.
– Françoise Flamant | Protagoniste du groupe MUSIDORA, à l’initiative du 1er Festival de films de femmes en 1974 intitulé MUSIDORA.
– Annie Pibarot | Maîtresse de conférences honoraire, biographe de Nicole Lise Bernheim
– Carole Aurouet, Marie-Claude Cherqui et Laurent Veray | Docteures et professeurs à l’Université Paris- III-Sorbonne Nouvelle, historien du cinéma, et responsables d’un colloque et d’une publication sur Musidora : Musidora qui êtes-vous ? (Éditions Gremese, septembre 2022)

18h30 | La Tierra de los toros , documentaire-fiction de Musidora
Cette séance sera l’occasion de repenser un cinéma « animé » qualifié aussi « d’augmenté » lors d’une projection avec des interventions en salle et en live, par le collectif féminin Las Musidoras, composé de Marien Gomez, Élodie Tamayo et Émilie Cauquy de la Cinémathèque française.

21h00 | Pour Don Carlos, unique long-métrage de fiction de Musidora, co-réalisé avec Jacques Lasseyne
En présence de Francesca Bozzano et de nos invités.

 



Films de la section

La Tierra de los Tor...
Musidora, la dixième...
Pour Don Carlos

La Tierra de los toros est une sorte de “documenteur athlétique”, filmé en Andalousie entre 1922 et 1924, initialement divisé en cinq parties : La vida de un ganadero, La víspera de una corrida, El rejoneador, La fea, Metamorfosis, Épilogue. Dernier projet de la Société des films Musidora (après la production et la coréalisation de deux longs métrages et un court métrage en Espagne), il s’agit d’une performance sur l’écran et sur scène, plutôt sur le mode comique et en abîme. Auto-fiction et auto-ironie. Jouant avec son image, Musidora règle ses comptes, avec le cinéma, la presse, le star-system, mais aussi le public. Avec humour, grand naturel et sincérité, sans amertume aucune.

À l’invitation du festival Il Cinema Ritrovato à Bologne et Mariann Lewinski, nous avons conçu une proposition d’une séance du film ponctuée de quatre interruptions, sur le modèle du spectacle conçu par Musidora entre 1922 et 1924 : le retard, las palmas, la cartomancienne-épilogue, adios. Aujourd’hui, à la faveur du festival de films de femmes de Créteil et à l’invitation de Jackie Buet, nous proposons une nouvelle version de la séance, avec un collectif féminin, composé de Emilie Cauquy, Marien Gomez et Elodie Tamayo, ainsi que la participation exceptionnelle de Veronica Vallecillo.

Si aucune source directe ne subsiste (pas d’enregistrement, pas de découpage précis du spectacle, improvisé en fonction des lieux), nous savons que les interventions “en chair et en os” de Musidora et Antonio Cañero, d’après le scénario original, sont indiquées sur la copie du film par les apparitions du régisseur. Nous avons donc respecté ces points de repère. Librement inspirées. Notre ambition est de recréer une ambiance, de retracer un amour fou géographique (Andalousie, Séville, Cordoue), et de fantasmer la présence d’une Musi fantasque, libre, cinéaste et amoureuse. Le caractère fantomatique est tout à fait assumé. Il n’est pas question d’interpréter Musidora mais plutôt de la faire apparaître par divers moyens, avec toute la précision et la maladresse d’archivistes-chercheuses s’inventant saltimbanques. Cette fantasmagorie est réalisée d’après des documents intimes (lettres), archivistiques (scénario original, notes d’intention), officiels (publications, articles de presse, enregistrements radiophoniques) ou totalement inventés (cartes à jouer, vues d’Espagne viewmaster, ponctuation ponctuations de zapateos, jaleos ou palmas de flamenco, dentelles, éventails, mantilles et polyphon). Des mots, des sons, des projections qui font battre le coeur.

« Me voici dans La Tierra de los toros dont je termine le montage plus compliqué qu’un jeu chinois dit casse-tête. J’espère en sortir vainqueur. La mise en scène est des plus ardues et des plus périlleuses. Les nouvelles vedettes (de superbes taureaux) qui jouent dans mon film, réunissent les conditions du mouvement et des gestes. J’ai moi-même “toré” (sic) et je suis d’une fierté indescriptible car on ne pourra pas me dire que je me suis fait remplacer dans les scènes où notre sexe peut commencer à dire : non. Ce qui pourra, dans l’avenir, nous assurer peut-être un droit de vote. Sait-on jamais ? » (Musidora, Cinémagazine, numéro 15, 11 avril 1924.)

Las Musidoras sont
Elodie Tamayo
Marien Gomez
Emilie Cauquy

Accompagnées de :
Satsuki Hoshino (piano) : satsukihoshino.com
Veronica Vallecillo (flamenco) veronicavallecillo.com