Tables rondes TURBULENCES
Mardi 17 mars
Table ronde « Turbulences » n°1 :
Nos espaces de vie : quelles alternatives solidaires et locales aux normes urbaines et architecturales ?
15h Grande Salle
Une vie radieuse de Meryll Hardt (18’)
Le semeur de Julie Perron (1h17’)
16h30 Petite Salle (Projection suivie de la table ronde)
Espace de Eléonor Gilbert (15’)
Mauvaises herbes de Catherine Wielant et Caroline Vercruysse (50’)
19h
Vernissage de l’exposition Terrain Vague(s) commissionnée par Annabella Orange et Monte Laster
C’est dès l’école, et dans la cour de récréation, microcosme de la société, que la puissante machine de fabrication du genre se met en branle. Comme l’explique l’enfant du court métrage Espace de Eléonore Gilbert à l’aide d’un dessin :« Je vais colorier comme ça, les endroits où on a pas le droit de jouer… enfin les filles ! Parce que les garçons bien sûr, ils ont le droit de jouer au foot ! ». Les espaces dans lesquels nous évoluons, vivons, dormons, nous asseyons, les bâtiments que nous édifions nous imposent des limites, des normes (de race, de genre, de classe) qui à leur tour nous traversent, nous catégorisent, nous empêchent. Nos espaces de vie évoluent grâce à nous, mais nous évoluons aussi en fonction d’eux. Sans doute faut-il d’abord comprendre les stratégies de pouvoir et d’exclusions qui s’y logent… afin de s’en déloger dans un second mouvement. Troubler la frontière artificiellement érigée entre le monde urbain et le monde rural se pose comme un moyen de réappropriation de nos espaces de vie. C’est le moment d’inventer des alternatives de vivre ensemble et de poser cette question : comment dénormaliser nos espaces urbains?
Avec : Ingrid Amaro (La Semeuse à Aubervilliers), Marie Monique Robin (réalisatrice de Sacrée croissance !), Marie-Hélène Bacqué (Sociologue et urbaniste), Annabella Orange (Directrice d’Habitat-Cité, association de solidarité internationale et de lutte contre le mal-logement), Monte Laster (Directeur Artistique de FACE, French American Creative Exchange à la Courneuve), Eléonor Gilbert (réalisatrice de « Espace »), Claire Laborey (réalisatrice de Naoshima), Meryll Hardt (réalisatrice de « une vie radieuse »), Catherine Wielant (réalisatrice de « Mauvaises herbes »), Julie Perron (réalisatrice de « Le semeur »), Elisabeth Leuvrey (réalisatrice de « AT(H)OME) et Ryley Grunenwald (réalisatrice de « 3 acres in Detroit »)
Mercredi 18 mars
Table ronde « Turbulences » n°2. :
Les Semeuses.
Regards croisés sur les femmes et l’écologie : un lien « naturel » ?
15h00 Grande Salle
3 Acres in Detroit de Nora Mandray (13’)
Les chèvres de ma mère de Sophie Audier (97’)
16h30 Petite Salle (séance suivie de la table ronde)
Arekara – La vie après de Momoko Seto (17’)
Sovereignty Dreaming de Vanessa Escalante (47’)
Dans les années 80, les mouvements éco-féministes ont mis en évidence l’analogie entre l’oppression des femmes par les hommes, et la destruction que ceux-ci infligeaient à la nature. Les femmes entretiendraient un rapport privilégie à l’environnement. De l’ordre de la protection naturelle. On peut légitimement se demander si cela ne construit pas la femme comme un être originellement apte à vivre le lien qui l’unirait à la nature. La soit-disante nature de la femme la placerait dans un rapport maternel – ne dit-on pas mère Nature ? – vis-à-vis de l’environnement qui l’entoure. Cette naturalisation renforce alors un double préjugé : si l’homme maîtrise la nature par la création de l’industrie, par les technologies, la femme elle, agirait dans l’environnement par instinct, par émotion. Elle se soucierait de la nature car elle en ferait partie intégrante.
Par conséquent, peut-on faire s’entrecroiser féminisme et écologie sans renaturaliser la figure de « la femme »? Pourquoi ne pas essayer de penser ces femmes soucieuses de la nature non plus seulement à travers la figure maternelle mais à travers aussi celle de la guerrière, de la lutteuse ? A l’image des femmes aborigènes Milwayi du film de Vanessa Escalante, Sovereignty Dreaming, qui se battent, à l’échelle locale, contre le Commonwealth et l’enfouissement de déchets nucléaires sur leur terre. En creux de ces questions liées au genre, ce sont d‘autres sur l’écologie elle-même qui se posent: si le politique semble pour le moment peu efficace, peut être faut-il se tourner vers un travail de prise de conscience individuelle pour arriver ensuite à une action collective? Comment rendre par exemple présent dans nos vies quotidiennes le concept de « réchauffement climatique » ? Quelles alternatives à la destruction de l’environnement s’offrent à nous ?
En s’emparant de leur caméra, les réalisatrices de la section Turbulences, proposent chacune à leur façon, une forme de militantisme écologique. Non pas parce qu’elles sont en premier lieu des femmes, mais parce qu’elles sont avant tout des cinéastes. Elles deviennent des semeuses d’images qui nous alertent et favoriseront peut-être de nouvelles prises de consciences. Ne reste plus qu’à en collecter les fruits à Créteil!
Avec Jade Lindgaard, Journaliste à Mediapart, Emilie Hache (sous réserve) Philosophe, spécialiste de l’éco-féminisme, Jeanne Burgart Goutal chercheuse en philosophie sur l’écoféminisme, Sophie Audier Réalisatrice de “Les chèvres de ma mère”, Vanessa Escalante réalisatrice de « Sovereignty Dreaming, la révolte des Rêves », Nora Mandray réalisatrice de « 3 acres in detroit », Claire Laborey réalisatrice de « Naoshima », Eléonor Gilbert réalisatrice de « Espace ».