Édition 2022

Du 11 au 20 mars

44ème édition

Catalogue

Édito

Le Festival International du Film de Femmes de Créteil se déroulera en présentiel du 11 au 20 mars 2022. Pour ce retour au vivant, les traits saillants de notre programmation s’articulent autour d’un axe À nos amour(s) qui, au lieu de se concentrer dans une seule section, se faufile comme un fil rouge à travers l’ensemble de nos programmes.

Sur ce thème de la diversité des sentiments amoureux, des discours amoureux, À nos amour(s) exposera des films dont le contenu fait du cinéma une Carte du Tendre et de la représentation des sentiments. Claire Simon, notre Invitée d’Honneur, ouvrira le bal avec son dernier film Vous ne désirez que moi pour donner place au témoignage de Yann Andréa, amant de Marguerite Duras. Le jeune homme, séduit, met des mots sur ce qui l’enchante et le torture. Nous vous invitons à suivre ce fil rouge lors du colloque sur l’amour qui se tiendra le jeudi 16 mars de 10h à 13h.

La Compétition Internationale est faite majoritairement de premiers films longs et courts métrages de fiction ou documentaire, de jeunes réalisatrices à découvrir. Vous aurez une vue mondiale de ce qui nourrit profondément les relations humaines et les espérances actuelles, en mouvement.

La section Graine de cinéphage, pour le jeune public, réunira sept films portant un regard neuf sur la jeunesse d’aujourd’hui. La section Tous les garçons et les filles, imaginée par Corinne Turpin du cinéma la Lucarne, recentre avec bienveillance, notre attention sur l’adolescence.

L’hommage à Susan Sontag, grande amoureuse et auteure engagée, qui a beaucoup écrit sur les médias et la culture, mais aussi sur la maladie, sur le sida, les droits de l’homme et le communisme, nous permettra de découvrir son amour du cinéma et ses films.

La longue marche des réalisatrices chinoises nous proposera d’aller voir derrière la grande muraille médiatique que nous renvoie la Chine officielle, ce que vivent, pensent et revendiquent les jeunes femmes d’aujourd’hui en Chine. Comment elles aiment et se lient d’amour ou d’amitié, comment elle s’engagent et quelles sont leurs relations au sein de la famille ou avec la société. Ce programme, sans s’éloigner d’une conscience sur les enjeux de la démocratie dans cet immense empire, se penche à travers les films choisis, sur sa nouvelle stature de cyber-puissance. En partenariat avec l’Inalco et Marie Vermerein, directrice du Festival de Films de Femmes de Bruxelles « Elles Tournent », une table ronde amènera une réflexion nourrie d’échanges sur le «Cinéma des femmes et la condition féminine en Chine ». Notre spécialiste Bérénice M. Reynaud abordera les différentes définitions du « cinéma de femmes » en Chine.

La section Elles font genre, organisée avec Laurence Reymond et en partenariat avec ARTE qui fête ses 30 ans !, proposera au public une autre trajectoire. Le FIFF, fidèle à sa mission d’écriture permanente d’une Histoire du Cinéma des réalisatrices, plongera dans le cinéma «de genre» au féminin pour y découvrir et redécouvrir des cinéastes – des origines du cinéma à nos jours – dont les films jouent brillamment avec les nerfs du spectateur. L’horreur et l’angoisse dans un premier temps. Notre profonde admiration se marquera par la présence de l’intégrale des longs métrages de Lucile Hadžihalilović, qui, à sa manière totalement personnelle, traite du genre et s’il lui est naturel de raconter des histoires à travers le fantastique ou la science-fiction, son inspiration vient des contes. La Palme d’or décernée à Julia Ducournau pour Titane en 2021 a déclenché les passions et nous les partagerons, autour de cette programmation de films qui mêle raretés, classiques et avant-premières avec, lors d’une table ronde « Elles font genre », en partenariat avec ARTE et en présence de nombreu.ses invité.es.

Une soirée de solidarité est organisée et consacrée aux réalisatrices afghanes autour d’un film qui souligne leur courage dans la résistance au quotidien.
Ce retour à Créteil du 11 au 20 mars 2022 à la Maison des Arts et de la Culture et au Cinéma La Lucarne, mais également à Paris au Cinéma Les 7 Parnassiens, en présence de nombreu.x.ses invité.e.s sera notre joie.

Et, pour ne pas délaisser le public éloigné, qui nous a rejoint en 2021 sur la plateforme Festival Scope, nous lui offrirons une sélection éclectique de nos programmes dont une nuit du genre, en ligne dès le mercredi 16 mars. Une version hybride pour le plus large partage.

Ensemble nous fêterons nos retrouvailles ! Toute notre équipe est dans cette attente.

Jackie BUET

Compétitions

Las Siamesas (The Siamese…
Destello Bravío
Glasshouse
Clara Sola
Bipolar
La ragazza ha volato
Tell Me
Ascension
As I Want (…
Toute une nuit sans…
Si pudiera desear algo
Alice + Barbara
#31# (appel masqué)
Appelé
Ob Scena
On ne tue jamais…
Mao’s Ice Cream
Fence (Hegn)
Eso que nos lleva…
On Solid Ground (Über…
Sortie d’équipe
La Mémoire des grands…
Beans
Libertad
Alice + Barbara
La Chica nueva

Hommage à Susan Sontag

A primer for Pina
Duo pour cannibales
Lettres de Venise (Per…
Les Gémeaux (Bröder Carl)
Regarding Susan Sontag

SUSAN SONTAG : de la cinéphile à la cinéaste

« Faire du cinéma est un privilège et une vie privilégiée. »

La dissymétrie est frappante entre l’intérêt que Susan Sontag a porté toute sa vie au cinéma et la manière dont s’est construite sa postérité. On connaît l’importance de la photographie dans son oeuvre. On peut savoir aussi qu’elle s’est particulièrement intéressée à la danse, au théâtre et à la littérature – qu’elle-même fut romancière. Mais la question du cinéma demeure souvent marginale alors qu’il fut pour elle une passion de premier plan et un objet privilégié pour penser les phénomènes culturels de son temps.

Sontag cinéphile, Sontag essayiste, Sontag cinéaste : le cinéma traverse sa vie comme son oeuvre en vertu d’un entrelacement qu’elle n’a cessé de décrire et de rechercher. Trace s’en trouve pour commencer dans son Journal : Susan Sontag y consigne ses séances de cinéma aussi méticuleusement que ses lectures, considérant que les premières ne jouent pas un rôle moins important que les secondes dans sa formation intellectuelle. Un carnet entier de l’année 1961 égrène ainsi la longue liste des films vus et, si les journées où elle n’en mentionne pas sont rares, nombreuses en revanche sont celles où elle en voit plusieurs. De cette expérience qui prend corps dans la fréquentation assidue des salles de cinéma, notamment celles de la Rive gauche parisienne, elle rendra compte explicitement quelques décennies plus tard dans un texte élégiaque et crépusculaire qui relève autant de la déclaration d’amour au cinéma que de son éloge funèbre : « Jusqu’à l’arrivée de la télévision, qui a vidé les salles de cinéma, c’est notre visite hebdomadaire au cinéma qui nous a appris (ou permis de tenter d’apprendre) comment nous pavaner, comment fumer, embrasser, comment nous battre ou pleurer. […] Mais quoi que l’on emportât avec soi en sortant du cinéma, ce n’était qu’une partie de l’expérience plus importante qui consistait à se perdre dans des visages, dans des vies qui n’étaient pas les nôtres. ». Cette cinéphilie vibrante, à la fois érotique et méditative, résonne dans les essais de Sontag, aussi bien sous la forme de textes entièrement consacrés au cinéma ou à un réalisateur en particulier (Godard, Resnais, Fassbinder, Bresson au premier chef), que par les nombreuses références filmiques qui nourrissent ses réflexions sur l’art et la culture. Dans son célèbre essai de 1964, « Contre l’interprétation », elle fait ainsi jouer au cinéma le rôle de pierre de touche, comme si les films, par « la pure, troublante, intraduisible intensité de [leurs] images », offraient une résistance particulière aux réductions de l’interprétation et permettaient, mieux que toute autre expression artistique, de saisir cette part sensible des formes esthétiques qui est au coeur de l’« érotique de l’art » théorisée et défendue par Sontag.

En 1958, elle s’approche une première fois des plateaux de cinéma en faisant de la figuration dans Le Bel Âge, un film de Pierre Kast où on peut la voir pendant quelques secondes faire la conversation au second plan avec Jean- Claude Brialy. Mais c’est la rencontre en 1968 avec le producteur suédois Göran Lindgren qui lui offre l’occasion de passer enfin derrière la caméra. Les conditions sont idéales : le budget est certes modeste, mais la maison de production Sandrews, que dirige Lindgren, permet à Sontag de travailler avec une équipe technique professionnelle et des acteurs reconnus. Surtout, elle lui laisse une liberté totale. De cette collaboration naissent ses deux premiers longs-métrages, ses deux « films suédois » : Duett för kannibaler (Duo pour cannibales) en 1969, avec Lars Ekborg (le « Harry » du Monika de Bergman) et Adriana Asti (qui venait d’épouser Bertolucci après avoir tourné dans Prima della rivoluzione) ; puis en 1971 Bröder Karl (Les Gémeaux), avec Laurent Terzieff.

Duett för kannibaler est sélectionné pour le Festival du film de New York en septembre 1969 : Sontag y est l’une des trois femmes réalisatrices invitées, aux côtés d’Agnès Varda et de Marguerite Duras qui présentait elle aussi son premier film, Détruire, dit-elle. Cette naissance concomitante au cinéma des deux écrivaines n’est pas la seule chose qui les rapproche, et les films de Sontag ont souvent appelé la comparaison avec ceux de Duras. À travers l’histoire d’un couple qui en dévore psychologiquement un autre, Duett för kannibaler met en scène la question du couple, de l’emprise et d’une domination qui se joue dans le langage. Raison pour laquelle aussi il faut aller au-delà des apparences bergmaniennes de ce film et se souvenir de ce que Sontag elle-même avait déclaré lors de sa sortie en France : « Pour moi, Duo pour cannibales est d’abord un film politique, je tiens à insister là-dessus : un film sur le fascisme, sur la psychologie du fascisme. S’il y a un antécédent cinématographique, c’est Le Docteur Mabuse, inventé par Fritz Lang. » L’intime et le politique : Promised Lands, son premier documentaire tourné pendant les derniers jours de la guerre du Kippour, prolonge à sa façon ce geste qui consiste à interroger le monde à partir de soi. De Jérusalem à Sarajevo en passant par Venise, les films de Susan Sontag se donnent à la fois comme une expérience du réel et le témoignage d’une sensibilité hantée par la mélancolie et la possibilité du désastre.

Aurélie Ledoux
Maître de conférences au département des Arts du spectacle de l’Université Paris-Nanterre

RENCONTRE / TABLE RONDE
DE LA CINÉPHILE À LA CINÉASTE

Maison des Arts de Créteil (petite salle)
Dimanche 13 mars à 15h30

Autant européenne qu’américaine, Susan Sontag fut une intellectuelle engagée, déterminée, dont les essais ont fait sa notoriété. Pionnière des théories queer, elle écrira toute sa vie entre tension et émancipation, en s’affranchissant des frontières entre les genres, le corps et l’intellect. Elle a beaucoup écrit sur les médias et la culture, mais aussi sur la maladie, sur le sida, les droits de l’homme et le communisme. Peut-être davantage que ses romans, on retiendra sesréflexions sur les rapports du politique, de l’éthique et de l’esthétique et sa critique de l’impérialisme américain.

En présence de :

  • Aurélie Ledoux / Université Paris Nanterre HAR, rédactrice de l’article et auteure d’une thèse sur Susan Sontag.
  • Dominique Bax, directrice du festival Ciné-Festivals
  • Antoine De Baecque, historien, écrivain et critique de cinéma
  • Lucinda Childs danseuse et chorégraphe américaine (par visio-conférence en direct d’Hambourg où elle travaille avec Bob Wilson) pour son témoignage en tant qu’interprète du film Lettre de Venise

Saluons deux belles initiatives antérieures : tout d’abord le très complet programme dirigé par Dominique Bax, alors directrice du Festival Du Théâtre au Cinéma à Bobigny, qui en 2011 a donné lieu à une publication : « Susan Sontag La Passion du
cinéma » et au programme complet de ses films.

Plus récemment en septembre 2021, un colloque international, initié par Antoine De Baecque et Aurélie Ledoux « Susan Sontag, le souci du cinéma » réunissait de nombreuses personnalités.

Rétrospective Lucile Hadžihalilović

Cinéaste aux films rares et au style immédiatement reconnaissable, Lucile Hadžihalilović est une personnalité hors norme dans le paysage du cinéma français. Le FIFF est heureux de vous présenter l’intégralité de ses films, en partenariat avec ARTE.

La Bouche de Jean-Pierre
Innocence
De Natura
Nectar
Earwig
Évolution

Cinéaste aux films rares et au style immédiatement reconnaissable, Lucile Hadžihalilović est une personnalité hors norme dans le paysage du cinéma français. Après avoir fait ses études à l’IDHEC (ex-Fémis), où elle rencontre son complice de toujours Gaspar Noé, elle fonde avec lui la société de production Les cinémas de la Zone. Ils travaillent ensemble sur leurs premiers films respectifs, scénario, réalisation, montage, et l’on retrouve des échos entre leurs deux univers, en particulier entre le premier film de Lucile, La Bouche de Jean-Pierre (1996) et Carne de Noé (1991) : pulsions incestueuses, souci méticuleux du cadre et de la lumière, univers qui oscille entre réalisme et cauchemar pur.

Mais par la suite, Lucile Hadžihalilović va construire une filmographie bien à elle et d’une grande cohérence, où l’enfance tient une place très particulière. Ses héroïnes sont ainsi souvent des (très) jeunes filles, à l’âge où l’imaginaire peut encore occuper tout l’espace mental/filmique. Avant l’adolescence et ses pulsions, avant les images crues et « graphiques ». Son cinéma se situe dans cette zone de flou, où les sensations non déterminées créent un univers flottant, entre rêve et réalité. Entre aussi l’état de grâce de ces personnages et les adultes qui les entourent. L’adolescente confrontée aux désirs de son « oncle » dans La Bouche de JeanPierre, les filles en (trans)formation d’Innocence (2005), le petit garçon hospitalisé d’Évolution (2015), Mia dans Earwig (2021), dont les dents fragiles semblent la rendre prisonnière d’un adulte, en passant par les petites filles qui se baladent dans De Natura (2018) : l’enfance y est toujours confrontée à une violence, plus ou moins déterminée.

Et si d’images insoutenables il ne sera jamais question, les films de Lucile Hadžihalilović explorent nos peurs primaires, celles nées dans l’enfance et qui nous marquent parfois à jamais. Sens du cadrage perturbant, éclairages déréalisants, ambiance qui se rapproche parfois du giallo, et surtout des bandes sonores ultra maîtrisées qui pourraient à elles seules souligner l’originalité de son style : voilà sans doute ce qui marque le rapprochement le plus profond entre son cinéma et le cinéma dit « de genre ». Plus intrinsèquement, ses films sont une invitation à lâcher prise, tel un pacte « lynchien » à ne pas tenter de tout comprendre par l’esprit, par l’explication logique, mais au contraire de trouver du sens dans les sensations, les impressions, le ressenti.

La nature est le second grand thème qui irrigue ses films, et les rapprochent du conte de fée. La nature, qui pourrait libérer les personnages et leur donner une perspective que les décors confinés dans lesquels ils évoluent ne leur offrent jamais, semble un ailleurs désirable. Mais c’est avant tout une nature fantasmée, quasi symboliste. Il y a une dimension primaire, en quelque sorte naïve, assumée dans ces récits, qui avancent par association d’idée autant que par association d’images. Montage mental, images vénéneuses qui s’incrustent dans l’esprit du spectateur et ne le quitte plus. Impossible d’oublier le ballet des jeunes filles d’Innocence, les plans superbes aquatiques d’Évolution ou cette femme balafrée qui avance dans Earwig, apparaissant dans un parc au milieu du film pour le hanter jusqu’au bout. Tout comme ces femmes abeilles autour de leur reine dans Nectar (2013), qui nous propulse d’une nature irréelle jusqu’au tours Choux de Créteil, ruches humaines.

Femmes abeilles, enfants cobayes, adultes défigurés, les films de Lucile Hadžihalilović s’intéressent à des personnages en pleine mutation. Cinéma de la métamorphose, du passage d’un état à un autre, il agit tel une alchimie, dont les lois se doivent de demeurer secrètes. Mais dont il est indispensable de découvrir ces oeuvres au mystère fascinant.

 

Laurence Reymond

Elles font genre

Une programmation entre passion et frissons pour une fantastique histoire des réalisatrices dans le cinéma de genre

Le Voyage de la…
Medusa
Aux Frontières de l’aube…
Censor
The Mafu Cage
Babysitter
Revenge
Fornacis
Nouvelle saveur
The Expected
Meshes of the Afternoon
Le Jour où Maman…
Suspense
Os Mortos-vivos
SWITCH

Pour une fantastique histoire des réalisatrices dans le cinéma de genre.

La Palme d’or décernée à Julia Ducournau pour Titane en 2021 a déclenché les passions, mais elle a aussi permis de faire rayonner une femme dans un genre cinématographique qui en semble pourtant largement dépourvu. Fidèle à sa mission d’écriture permanente d’une Histoire des réalisatrices, le FIFF de Créteil propose, à travers une programmation de films et une table ronde, de plonger dans le cinéma « de genre » – l’horreur et l’angoisse dans un premier temps – pour y découvrir et redécouvrir des cinéastes – des origines du cinéma à nos jours – dont les films jouent brillamment avec les nerfs du spectateur.

Avant même l’intitulé « film de genre », le cinéma, depuis ses origines, est un terrain fertile pour confronter le spectateur à ses peurs les plus profondes. Si les films réalisés par les pionnier.ère.s Georges Méliès, Alice Guy ou Germaine Dulac développent des univers proches du fantastique, Lois Weber signe en 1913 Suspense, un véritable thriller et l’origine du film de « home invasion », dont le montage alterné trépidant n’a rien perdu en efficacité. Déjà à l’époque, jouer avec les émotions du spectateur demande une grammaire cinématographique et une forte personnalité derrière la caméra. Toujours aux États-Unis, c’est en 1953 qu’Ida Lupino réalise Le Voyage de la Peur (The HitchHiker), qui suit la prise d’otage de deux amis sur les routes du Mexique par un tueur en série en cavale. Si ce film est considéré comme le premier thriller réalisé par une femme, Lupino a multiplié les coups de forces dans ses choix de réalisatrice, en abordant par exemple la question des séquelles laissées par un viol chez une jeune femme dans Outrage en 1950.

Il y a comme un paradoxe si l’on compare la place que la peur occupe dans la vie des femmes, toutes les femmes et à des degrés bien divers, et celle qu’elle occupe dans leurs films. Que le « rape-and-revenge » movie, ces films où l’héroïne ayant subi les pires sévices se relève et entame une vengeance sanglante, ait été l’apanage de réalisateurs toutes ces années est en soit assez cocasse. Lorsque Coralie Fargeat signe Revenge en 2018, la revanche est à double sens. Parce que les films de genre ont potentiellement dans leur ADN une forte portée sociale et politique (pensons aux films de zombies, aux vampires, etc.), des réalisatrices ont pu y trouver un terrain d’émancipation et de critique. Ainsi, au sein de l’écurie de Roger Corman, maître d’oeuvre du cinéma fantastique américain des années 60 à 80, Stephanie Rothman a pu proposer une vision moins machiste et plus féminine du vampire dans son Velvet Vampire en 1971.

The Mafu Cage de Karen Arthur (1978), chef d’oeuvre rarement montré, nous plonge dans la folie qui ronge le personnage principal du film, une jeune femme déséquilibrée qui habite avec sa soeur dans une immense maison, remplie comme un cabinet de curiosité de l’héritage colonial. Le film révèle progressivement la barbarie cachée par un voile de civilisation bien fragile et corrompu. Dans les années 80, le premier film d’Amy Holden Jones retourne les codes du slasher pour en faire une version féministe dans The Slumber Party Massacre. Et Kathryn Bigelow, avec sa mise en scène virtuose et implacable, réinvente le mythe des vampires dans Aux Frontières de l’aube (Near Dark), qui tient ici autant du gore que de la satire d’une Amérique rurale arriérée. Aujourd’hui, c’est Anita Rocha da Silveira qui reprend le flambeau d’un cinéma d’horreur revendicatif et révolté, à travers son portrait terrifiant du Brésil sous Bolsonaro dans Medusa (2021). La vie des jeunes femmes, prisonnières d’une société ultra-religieuse, y semble réduite à un cri. En Afrique du Sud, Kelsey Egan signe avec son premier film Glasshouse (2021) une dystopie écologique fascinante. Dans un monde où l’air n’est plus respirable, une famille essentiellement constituée de femmes survit en se protégeant de toute visite extérieure. Mais lorsqu’une des filles recueille un homme blessé, tout l’environnement va se dérégler, dans une ambiance empoisonnée évoquant les Proies de Don Seigel.

Le cinéma de genre demeure avant tout, pour les cinéastes comme pour les spectateurs, une grande aventure esthétique, une promesse de liberté thématique et formelle. Trouble Every Day réalisé par Claire Denis en 2001, demeure un chef d’oeuvre dont la beauté réside dans son mystère insondable. Relecture du film de vampire, cannibalisme, histoire d’amour impossible, les personnages du film se croisent, se regardent puis se dévorent. Du « genre », Denis ne retient que des figures, et les transperce de sa mélancolie et de son sens des espaces injoignables. Julie Delpy, dans la Comtesse (2009), s’approprie le film de vampire d’une toute autre façon, avec un classicisme et un plaisir évident à jouer de la reconstitution historique, avec la grande beauté de ces images et l’immense cruauté du personnage qu’elle interprète, la monstrueuse Comtesse Bathory. Ainsi, depuis les années 2000, les incursions de réalisatrices dans le cinéma de genre se sont multipliées. On peut se réjouir de cette liberté d’invention, de récits et de délires formels dans le cinéma français contemporain. Aurélia Mengin, depuis La Réunion avec Fornacis ; Marina de Van, qui, à travers Dans ma peau et Dark Touch, construit bien trop discrètement une oeuvre d’une grande force ; Coralie Fargeat, ou encore plus triomphalement Julia Ducourneau : autant de réalisatrices chez qui on retrouve la même volonté de s’émanciper du réalisme, à travers des thématiques personnelles et originales.

À ce titre, le cinéma de Lucile Hadžihalilović Innocence, Évolution, de très beaux courts métrages et son nouveau film Earwig – tient une place toute particulière. Pare qu’il est difficile de l’associer à « un genre » justement, mais que tous ses films explorent les dimensions sensuelles et sensorielles liées à l’angoisse, son oeuvre est très singulière. Cinéaste de l’infra et du détail, là où les effets du cinéma de genre sont souvent à l’extrême opposé, elle invite le spectateur dans un univers quasi-méditatif, mystérieux et envoûtant.

Laurence Reymond

Table ronde Elles font genre – en partenariat avec ARTE

Mercredi 16 mars à 10h00 à la MAC – Satellite

PARCOURS FÉMININS DANS LE CINÉMA DE GENRE

En partenariat avec ARTE, cette table ronde permettra de s’interroger sur la rareté des femmes se lançant dans de tels projets, et d’évoquer les possibles difficultés rencontrées, préjugés ou auto-censure, ou bien encore les évidences et les moments de réussite. Nous aborderons ensuite plus en profondeur le travail de chacune des participantes, les univers thématiques et esthétiques, des origines de leurs cinéphilies, au parcours qui a mené à la réalisation des films. Nous partagerons ainsi avec le public des histoires de création originales, qui nous l’espérons, aideront à ouvrir un chemin pour les cinéastes en devenir. en présence des réalisatrices :

  • Julia Kowalski, réalisatrice (Crache coeur),
  • Lucile Hadžihalilović, réalisatrice (à qui nous rendons hommage cette année)
  • Aurélia Mengin, réalisatrice, productrice et fondatrice du festival « Même pas peur – Festival International du film fantastique de la Réunion »
  • Anaïs Bertrand, productrice (Insolence production)
  • ainsi que, en visioconférence, l’actrice-réalisatrice Julie Delpy (La Comtesse) et la réalisatrice Anita Rocha da Silveira (Medusa).

Les discussions seront modérées par Christophe Lemaire, journaliste.

ARTE FÊTE SES 30 ANS AU FESTIVAL INTERNATIONAL FILMS DE FEMMES DE CRÉTEIL

Rassemblés autour de valeurs communes, ARTE et le FIFF partagent l’ambition de rapprocher les Européen-e-s par la culture autour d’un imaginaire commun. Cet idéal européen infuse aussi dans le cinéma de la jeune création et notamment celui des réalisatrices que la chaîne soutient, à travers l’accompagnement de leurs films. Résolument tournée vers l’avenir, ARTE se projette plus que jamais vers un vaste horizon pour faire résonner leur voix. Pour ses 30 ans, ARTE se réjouit d’accompagner au FIFF la Table ronde Elles font genre le mercredi 16 mars et de présenter en soirée l’avant-première du film Earwig de Lucile Hadžihalilović, en sa présence. La table ronde sera ainsi enregistrée, pour une rediffusion ultérieure sur le site du FIFF et sur la plateforme Arte.tv.

Elles font genre… La Lucarne aussi

Grave
Innocence
Titane
In the Cut
La Comtesse
The Rider
Proxima

La longue marche des réalisatrices chinoises

Tout un programme consacré à la présence des femmes dans le cinéma chinois en pleine expansion, à la découverte de la nouvelle génération des années 2020

Bipolar
Girls Always Happy (Rou…
Spring Sparrow (Chun tian…
When a City Rises
Les Anges portent du…
Vénus sur la rive…
Mama (Ma ma he…
The Cloud in her…
Une Vie simple (Tao…
Self-Portrait. Fairy Tale in…
H6 – L’hôpital du…
Ascension
Bi China
Present. Perfect. (Wan Mei…
The Storms in our…
Dans la rivière (Step…
Mao’s Ice Cream
Lili Alone (Duo li)
Chinese Fusion

Depuis la relance des réformes économiques au début des années 1990, l’évolution urbaine de la Chine, a été extrêmement rapide, à l’image de celle de la société. Le Parti Communiste Chinois promet à chacun l’opportunité de s’enrichir, de vivre mieux que la génération de ses parents et brandit le « rêve chinois » de Xi Jinping comme un brillant étendard. Mais pour atteindre la formidable croissance que le pays connaît depuis le début du XXIe siècle, des millions de petites mains s’échinent au travail (dans la construction, les usines ou l’industrie du service) tout en rêvant elles.eux aussi d’une vie meilleure, comme le montre Ascension (2021) de Jessica Kingdon.

Cette transformation des villes se retrouve dans le cinéma chinois, et y est souvent associée à une perte de repères et de valeurs morales. Les familles y sont éclatées, les relations amoureuses troubles tandis que les héros et héroïnes se sentent perdu.e.s, en pleine crise identitaire (The Cloud in Her Room (2020) de Zheng Lu Xinyuan). La ville est présentée pour les femmes aussi bien comme une opportunité d’émancipation (acquérir une indépendance financière, une éducation, s’éloigner de l’emprise de sa famille) comme de perdition (exploitation au travail, isolement, violences sexuelles). On trouve parfois des « murs invisibles » figurés à l’écran qui symbolisent les limitations ressenties par les personnages féminins mais dont elles n’ont pas toujours conscience. Dans des films comme Lost in Beijing (2007) de Li Yu ou Mouvement perpétuel (2005) de Ning Ying, la figure de la flâneuse s’impose comme une manière à la fois de se réapproprier cet espace urbain changeant et d’acquérir davantage de capacité d’agir en dépassant ces barrières.

Face à ces bouleversements, un retour aux sources, à la terre natale, est parfois vu comme nécessaire. Le retour à la nature se fait l’écho d’une classe moyenne de plus en plus consciente des enjeux écologiques, qui rêve d’une existence plus simple et plus verte. Mais derrière cette image idyllique, les inégalités de développement entre villes et campagnes sont criantes et provoquent un important exode rural, séparant les familles. Avec son format brut proche du cinéma-vérité, Present Perfect (2019) de Zhu Shengze témoigne de ce besoin de connexion humaine à travers des extraits de live-streaming dont la production et la consommation a littéralement explosé ces dernières années.

Se pose également la question de la mémoire après un XXe siècle fait de multiples révolutions et essentiel pour comprendre la Chine d’aujourd’hui. Que transmet-on de mère en fille en termes d’histoire et de rôles de genre ? Un dialogue entre générations est-il possible ? Avec les réformes, grâce à un plus grand accès à l’éducation supérieure et à l’indépendance financière, de plus en plus de Chinoises ont la possibilité de choisir comment elles mènent leur vie, si elles se marieront ou auront des enfants jusqu’aux produits qu’elles consomment. Il reste cependant difficile d’échapper à l’injonction à l’hétérosexualité et à celle des rites sociaux du mariage et de la maternité, dont le poids est principalement exercé par la famille (voir BiChina (2017) de Wei Tingting). Dans Fish and Elephant (2001) de Li Yu par exemple, la mère de l’héroïne, ignorant que sa fille est lesbienne, insiste pour qu’elle se marie alors même que son propre mariage a été malheureux. L’héroïne est alors déchirée entre son amour pour sa mère et celui qu’elle porte à la jeune femme qui partage sa vie. Ces relations mère-fille, aussi houleuses qu’indéfectibles, sont au coeur de nombreux récits de réalisatrices (Girls Always Happy (2018) de Yang Mingming ou encore Mama (2020) de Li Dongmei).

Les perspectives choisies pour raconter des histoires sont souvent celles de marginaux. Certains films comme Dam Street (2005) de Li Yu, Les Anges portent du blanc (2017) de Vivian Qu ou encore Vénus sur la rive (2021) de Wang Lin adoptent le point de vue d’enfants pour aborder des problématiques qui concernent les femmes autour d’elles.eux et qui affectent leur construction personnelle. En optant pour un regard en principe innocent, les réalisatrices nous confrontent à notre propre façon de percevoir les images et les évènements ainsi qu’à notre propre jugement. Ce point de vue permet ainsi de déconstruire l’image de la femme et les rôles qui lui sont attribués dans la société chinoise contemporaine.

Enfin, la récurrence de fins ouvertes, avec des héroïnes qui partent vers un ailleurs qui nous est inconnu, évoque l’interrogation de l’écrivain Lu Xun en 1923 dans son commentaire de la pièce Une maison de poupée d’Henrik Ibsen : une fois partie de chez elle en quête d’émancipation, que devient l’héroïne lorsque la structure de la société reste patriarcale ? Ces ouvertures sont alors comme une interpellation au public de la part des réalisatrices, une incitation à réfléchir à comment construire le futur tandis que leurs héroïnes poursuivent leur longue marche vers davantage d’égalité. Les productions des réalisatrices chinoises présentent ainsi des perspectives variées sur leur pays et le fonctionnement de leur société tout en expérimentant avec la forme cinématographique. L’évolution des liens familiaux et sociaux, la recherche d’identité et la transformation de l’environnement, qu’il soit naturel ou urbain, sont autant de manières d’aborder leur travail. Leurs films étant encore moins distribués en France que ceux de leurs collègues masculins, cette édition représente une opportunité rare de découvrir leurs oeuvres les plus récentes.

Bérénice M. Reynaud Chercheuse associée, Docteure en études chinoises IETT (Institut d’Etudes Transtextuelles et Transculturelles)

Le festival remercie ses deux partenaires :

 

 

 

 

Fondé en 2013, le Baturu Cultural Festival (anciennement Chinese Women’s Film Festival) est un événement annuel mutidisciplinaire qui met en avant des films, de la bande dessinée, de la littérature et d’autres formes artistiques afin de sensibiliser les publics sur les droits des femmes et l’affirmation de leur pouvoir en Chine. Le festival est bénéficiaire de l’Intercultural Achievement Award du Ministère des Affaires Étrangères autrichien.

Un collectif, une énergie, une équipe qui décide de combler une lacune dans le paysage culturel bruxellois, et ainsi naît l’association « Elles Tournent » qui, depuis 2008, promeut et valorise le travail des femmes dans le monde artistique et culturel en général et tout particulièrement dans le secteur de l’audiovisuel. « Elles Tournent » organise chaque année un festival où les réalisatrices sont invitées à présenter leur film et échanger avec le public. L’événement est composé de films venant des quatre coins du monde, d’avant-premières,de séances inédites, d’interventions et débats réunissant des expert.e.s qui assurent un prolongement réflexif ou théorique au thème abordé. Ce festival est aussi prolongé durant l’année par les séances en partenariat avec des associations locales.

RENCONTRE / TABLE RONDE
NOUVELLES DE CHINE

Maison des Arts de Créteil (petite salle)
Mardi 15 mars à 15h30

Dans notre quête des réalisatrices, la présence des femmes dans le cinéma chinois en pleine expansion nous a semblé un enjeu pour le futur. Cette programmation dédiée à la Longue Marche des réalisatrices chinoises, véritable occasion de découvrir la nouvelle génération des années 2020, n’inclue pas, comme on l’aurait souhaité, les pionnières de la 5ème et 6ème génération, venues à Créteil au fil des années 1980 et 1990 et dont nous n’avons plus de nouvelles.

En présence de. :

  • Bérénice M. Reynaud / Chercheuse associée, Docteure en études chinoises, IETT (Institut d’Études Transtextuelles et Transculturelles, Université de Lyon (Jean Moulin Lyon 3)
  • Marie Vermeiren / directrice du Festival de Films de femmes « Elles Tournent » à Bruxelles
  • Queena Li / réalisatrice de Bipolar

« Après des décennies de régime maoïste, nul n’imaginait la Chine être un jour en mesure de se projeter à l’échelle de la planète. Or, force est de constater qu’aujourd’hui les élites intellectuelles chinoises se sentent assez sûres d’elles-mêmes pour se proclamer sans ambages, détentrices de valeurs universelles qui ne doivent rien à celles des Lumières européennes. Mais qu’en est-il en réalité ? ».

Extrait de Penser en Chine, ouvrage collectif
sous la direction de Anne Cheng. Ed Gallimard 2021

Colloque : À nos amours

Jeudi 17 mars 2022 à 10h00 à la MAC – Satellite

Comme le disent si bien Françoise Davisse et Carl Aderhold (réalisatrice et réalisateur de la série L’Amour à la française sur France 3) : « La construction de l’amour a été une bagarre de deux siècles ». Autour de ce fil conducteur, l’enjeu est de rassembler les réalisatrices invitées et de répercuter leur manière de représenter les relations et les sentiments amoureux. Elles vont nous raconter d’autres histoires, qui croisent l’intime et la tradition, les coutumes et l’innovation, des vies mises à mal par les crises de l’Histoire et qui connaissent depuis quelques années de grandes révolutions.

En présence de :

  • Françoise Davisse, réalisatrice
  • Claire Simon, réalisatrice
  • Lucile Bellan, journaliste indépendante et réalisatrice de podcast sur Slate
  • Pauline Mallet, journaliste et fondatrice de Sorociné
  • et des réalisatrices de nos programmes

Tous les garçons et les filles - La Lucarne

A perfect family
Green Boys
Loin de vous j’ai…
Slalom
Never Rarely Sometimes Always

Images de ma ville

Un projet cristolien qui abrite les rêves de ses habitant.e.s

Scénario Lauréat – Le Truc de Robin Bazou

Jury et Palmarès du Festival

[ Téléchargez le palmarès au format pdf ]


LONG MÉTRAGE FICTION

GRAND PRIX DU JURY

Clara Sola de Nathalie Álvarez Mesén
Suède, Costa-Rica, Belgique, Allemagne, 2021, 106’

Dotation de 3000€ par le Ministère chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes et soutien à la diffusion par Ciné +

Texte du grand jury fiction :
Pour sa comédienne et son interprétation fougueuse et impétueuse
Pour nous avoir fait ressentir l’indicible et le surnaturel
Pour son immersion sensorielle dans une nature magique et accueillante
Pour la beauté singulière de son héroïne, mi-madone, mi-sorcière
Le jury fiction a décidé d’attribuer le Grand Prix au film Clara Sola, de Nathalie Álvarez Mesén

Membres du jury :

  • Valérie Ganne, journaliste
  • Julia Kowalski, réalisatrice
  • John Lalor, artiste
  • Pascaline Saillant, productrice
  • Éric Monseigny, programmateur


Mention Spéciale Jury fiction

Las Siamesas / The Siamese Bond de Paula Hernández
Argentine, 2020, 80’

Texte du grand jury fiction :
Parce que nous avons été particulièrement sensibles au jeu des comédiennes, d’une sincérité époustouflante et d’une belle subtilité.
Parce que la réalisatrice a su dépeindre la relation d’emprise, au sein d’une petite cellule familiale, avec humour et beaucoup d’émotion.
Parce que sa mise en scène se focalise toujours sur l’essentiel, à la manière d’une pointe acérée.
Le jury fiction a donc décidé d’attribuer une mention spéciale au film Las Siamesas, de Paula Hernández


PRIX DU PUBLIC

Glasshouse de Kelsey Egan
Afrique du Sud, 2021, 94’

Dotation de 2000€ par la Ville de Créteil

LONG MÉTRAGE DOCUMENTAIRE

PRIX SCAM DU JURY ANNA POLITKOVSKAÏA

& PRIX DU PUBLIC

As I Want de Samaher Alqadi
Égypte, France, Norvège, Palestine, Allemagne, 2021, 88’

Dotation de 3000€ par la Scam

& Dotation de 2000€ par le Département du Val-de-Marne

Texte du jury SCAM Anna Politkovskaïa :
Le prix Anna Politovskaïa 2022 du FIFF a été attribué à l’unanimité du jury au film As I want de Samaher Alqadi. Un film nécessaire et particulièrement courageux sur le combat des femmes égyptiennes face à la violence des hommes dans le sillage de la révolution de janvier 2013. Le jury a été touché par le regard de la réalisatrice entre l’intimité de son histoire familiale et la rue livrée au chaos. Un film spontané qui sonne juste. Une puissante histoire d’amour, de transmission et d’engagement qui ne laissera personne indifférent.

Membres du jury documentaire :

  • Sophie Bachelier, réalisatrice
  • Harry Bos, programmateur (BPI)
  • Isabelle Mourgère, rédactrice en chef (TV5 Monde)
  • Jean-Michel Rodrigo, réalisateur (Scam)
  • Lina Soualem, actrice et réalisatrice

Mention Spéciale Jury Documentaire

A Night of Knowing Nothing / Toute une nuit sans savoir de Payal Kapadia
France, Inde, 2021, 97’

PRIX FRANCE TÉLÉVISIONS «DES IMAGES ET DES ELLES»

Beans de Tracey Deer
Canada, fiction, 2021, 92’

Dotation de 3000€ par France Télévisions

Texte du jury France TV :
Nous avons été extrêmement touchés par l’histoire de cette jeune fille de 12 ans dont le passage à l’adolescence suit la trajectoire du conflit entre la communauté Mohawk et la police du Québec (conflit qui nous était totalement méconnu). La réalisation est subtile, délicate et parvient parfaitement à allier la fiction et les archives de l’époque. Les personnages, Beans , et sa mère sont magnifiquement interprétés. C’est un très beau premier film de Tracey Deer qui nous séduit d’autant plus qu’il s’agit de sa propre histoire.

PRIX GRAINE DE CINÉPHAGE

Meilleur long métrage de la section Jeune Public

Libertad de Clara Roquet
Belgique/Espagne, documentaire, fiction, 2021, 104’

Dotation de 1000€ par le Festival

Texte du jury composé de Romain, Maxime, Laurine, Margaux, Nicolas, Karen et Clélia
On a beaucoup aimé la relation entre Nora et Libertad. Et que les différences de classes ne peuvent pas empêcher une amitié. Nous avons aimé la subtilité avec laquelle vous avez raconté votre histoire. Cette subtilité laisse place à des interprétations personnelles. On a trouvé très intéressant le passage de l’enfance à l’âge adulte. Et toutes les relations riches et complexes entre les femmes de la famille.
On a trouvé votre film très beau : les couleurs, le côté solaire, les cadrages, les contrastes.
Vous avez très bien choisi les actrices qui sont incroyables et qui jouent des personnages bien écrits.
C’est pour cela que l’on a choisi de vous décerner le prix du Jury Graine de Cinéphage.

PRIX INA (Meilleur court métrage francophone)

& PRIX UPEC (Université Paris Est- Créteil)

Horacio de Caroline Cherrier
France, animation, 2020, 10’-

Dotation d’une formation professionnelle par l’INA

& Dotation de 1500€ par l’Université Paris-Est Créteil

Texte du jury INA :

Suite à notre délibération, voici le film que nous avons choisi de récompenser : Horacio de Caroline Cherrier.

Horacio est un court métrage d’animation qui nous a touchés de plusieurs façons. La réalisatrice pose un regard très poétique, philosophique, sur le sort de ce jeune garçon condamné, et nous montre, avec finesse et sans jugement, tous les aprioris propres au milieu carcéral : elle déjoue les trajectoires toutes faites. Il y a quelque chose de très singulier dans ce film, c’est que le protagoniste finit par oublier pourquoi il est en prison. Cela questionne l’acte lui-même, les comportements humains et le droit à la rédemption. Cette universalité du discours, tout en cultivant un style très particulier, nous a portés vers ce choix. Le dessin est beau, l’écriture choisie est appliquée si bien qu’on finit par s’identifier soit à la mère, soit à ce fils à la fois meurtri et meurtrier.

Membres du jury INA

  • Sophie Morlon, Responsable du Service Actions et Partenariats Culturels et Éducatif
  • Pauline Baduel, Chief editor de madelen, la plateforme SVOD de l’INA –
  • Laetitia Larcher, Chargée de missions pour la valorisation du dépôt légal et des fonds patrimoniaux, rattachée au département Direction des patrimoines
  • Fabrice Blancho, Responsable du département des Productions Audiovisuelles
  • Jean-Claude Mocik, Responsable de la filière de formation « Conception, Écriture et Réalisation ».

Réaction de la réalisatrice (Caroline Cherrier) :
Bonjour à Tous!
Je ne pourrais malheureusement pas être là ce soir!
J’ai donc écrit un petit mot : Merci beaucoup au jury de l’INA pour ce prix, merci aussi à mes productrices de chez Ikki Films : Edwina Liard et Nidia Santiago, à Innervision, et à l’équipe du film dans son entier. Je suis très heureuse d’être primée dans ce festival et d’y représenter ma technique : l’animation.
C’est tellement enthousiasmant de vivre ce moment de l’histoire du cinéma où explose le nombre de films réalisés, produits, et conçus par des femmes.
C’est plein de nouveaux récits, de regards inattendus… Je me sens chanceuse d’assister et de participer à ce bouillonnement là.
Horacio, c’est l’histoire d’un jeune homme qui commet un acte de grande violence dont le mobile paraît absurde ou quasi inexistant.
Et ça raconte l’après de cet absurde. La vie qui continue… Dans un film un peu absurde aussi.
Merci encore au jury de l’avoir primé, je vous souhaite une très bonne soirée, fêtez bien le cinéma.

Texte du jury UPEC :

Malgré son apparente simplicité, ses couleurs criardes, son humour glaçant, «Horacio » porte sur soi toute l’absurdité du crime. Le récit perturbe le spectateur dès le début, pris au piège de la légèreté de la forme qui renverse la gravité du fond. Perdu entre divertissement et réflexion, captivé par un dessin brut qui traduit le balbutiement de la pensée face à un fait divers détourné en dessin animé, le jury Upec salue la maîtrise de la réalisatrice, Caroline Cherrier, et lui attribue le prix du meilleur court-métrage de cette édition du Festival International de Films de Femmes.

Réaction de la réalisatrice (Caroline Cherrier) :
J’apprends après écriture de ce mot qu’Horacio est aussi primé par le jury étudiant.
Du coup je remercie aussi chaleureusement les membres du Jury pour leur choix : très heureuse de recevoir ce prix de la part de jeunes et futurs acteurs du cinéma!
Un double grand merci donc à l’accueil fait au film au festival du film de femmes, en cette année joyeuse de retour dans les salles. J’espère de tout cœur pouvoir venir l’an prochain !


Mention spéciale du Jury UPEC

#31# (appel masqué) de Ghyzlène Boukaïla
France, Algérie, expé., 2021, 16’

Texte du jury UPEC :
Le jury UPEC attribue une mention spéciale au court métrage « #31# Appel masqué » de Ghyzlène Boukaïla, pour avoir produit une œuvre hypnotisante et engagée, universelle et intimiste à la fois. Elle a su montrer à travers un récit dystopique comment la parole, sensuelle et poétique, peut se faire porteuse d’un espoir de liberté. Bravo.

PRIX DU PUBLIC Meilleur court métrage français

Sortie d’équipe d’Yveline Ruaud
France, doc, 2021, 11’

Achat des droits de diffusion par Ciné+

Réaction de la réalisatrice (Yveline Ruaud) :
Recevoir le prix du public c’est très abstrait mais je suis super contente en fait, notamment parce que je pense qu’il y avait quand même beaucoup de jeunes, beaucoup de lycéens, beaucoup de collégiens et je suis contente que le film leur ait parlé. Merci, merci du fond du coeur !


PRIX DU PUBLIC Meilleur court métrage étranger

Mao’s Ice Cream de Jialu Zhang, Brindusa Ioana Nastasa, Annabella Stieren
Chine/Allemagne/Pays-Bas, doc, 2020, 29’

Dotation de 500€ par le Festival